Parlons de suspense ! Vous savez, cette situation tellement forte qu’elle nous fait changer de position sur notre siège. Ça vous parle ?
Série d’articles
Salut les passionnés, bienvenue dans cette série d’articles qui va aborder les émotions qu’on donne à notre lecteur.
Il y a beaucoup de confusion entre suspense, intrigue, tension dramatique et mise en danger du protagoniste. On va essayer de dégrossir tout ça afin de pouvoir les utiliser sans se mélanger les pinceaux.
Cette semaine, on parle de suspense.
Le suspense, qu’est-ce que c’est ? Si on prend la définition, le suspense est une émotion créée lorsque l’issue d’un évènement est incertaine, mais partiellement prévisible. Le « partiellement prévisible » est très important ! Sinon ce n’est plus du suspense. J’y reviendrai.
L’exemple de la table
Commençons par un exemple simple, l’exemple de la table. Une situation bien connue que voici : deux personnages discutent à une table dans un restaurant. Ils ont une conversation banale sur comment faire pousser des carottes en montagne qui n’intéresse pas du tout le lecteur. Cette situation n’a rien pour créer du suspense. Je pense qu’on est tous d’accord là-dessus.

Une bombe
Pourtant, prenons le même lieu, découvrons qu’un personnage entre dans le restaurant et dépose une bombe sous la table.
Ensuite, nous avons les deux personnages qui s’installent à cette table et qui commencent à discuter d’une manière insouciante. Là vous avez un suspense qui se crée, car l’issue de cette situation est incertaine. (mais toujours partiellement prévisible)
La bombe va finir par exploser, vont-ils partir avant ? Vont-ils mourir ici ? Cette interrogation porte un nom : le suspense.
Des mécanismes simples
Comme toujours, pour que ça fonctionne, le suspense doit respecter des mécanismes simples. Pas besoin de créer une situation compliquée, ça n’apportera pas plus de suspense, au contraire, ça va devenir flou.
Préférez (comme toujours) une situation simple, claire, avec un enjeu parfaitement défini et ce sera déjà une très bonne base pour créer du suspense.
Autre exemple classique
Le coup de la bombe à désamorcer avec le fil bleu ou le fil rouge c’est assez classique, néanmoins le suspense est au rendez-vous. Le spectateur se demande : que va-t-il se passer ? Est-ce que la bombe va exploser ou bien est-ce qu’elle va être désamorcée ?
Concrètement
Donc concrètement, pour créer du suspense, vous avez besoin d’un danger (comme un bombe) et d’une exposition à ce danger.
(si la bombe est à 500km de là, on n’a pas trop peur)
Mais vous n’êtes pas obligé d’avoir un risque de mourir pour créer du suspense. Parfois il y a encore plus de suspense sur une situation moins dramatique.
Un exemple très concret : dans la vraie vie
Lorsque j’étais petit, à 22h30 je devais aller dormir. Pour les soirs où je n’avais pas école le lendemain évidemment. Hé bien, croyez-le ou non, je n’ai pas toujours été très respectueux de cette règle.
(Désolé ma chère maman si tu lis cet article)
Il m’arrivait de rester éveillé intentionnellement, d’attendre que ma mère dorme pour sortir de ma chambre. Avec la discrétion d’un chat, je descendais les escaliers pour rejoindre mon grand frère dans sa chambre au rez-de-chaussée afin d’aller jouer aux jeux vidéos toute la nuit.
(Merci, mon cher frère, si tu lis cet article)

Bien évidemment, je prenais soin de refermer la porte de ma chambre, je mettais des coussins dans le lit pour que la couverture ait l’air de me cacher au cas où ma mère ouvrirait la porte de ma chambre …
Imaginez un peu ce que je vivais lorsque, durant la nuit, j’entendais ma mère se lever pour aller aux toilettes qui se trouvaient juste à côté de ma chambre.
Imaginez un peu l’angoisse ! Moi évidemment j’étais au rez-de-chaussée, à tendre l’oreille. À essayer d’entendre si ma mère allait se rendre compte du pot aux roses ou non.
Hé bien ça, c’est du suspense !
Quel soulagement quand je l’entendais retourner dans sa chambre !
Quelle terreur quand je l’entendais crier depuis l’étage : « Thibault ?! Non, mais tu te fous de moi ?! »
(Oui parce que je n’ai pas fait ça qu’une seule fois dans mon enfance. J’étais même plutôt habitué.)
En tout cas voilà, cette situation illustre bien le suspense, car l’issue est partiellement prévisible. En gros, soit je me faisais prendre et j’étais cuit, soit ma mère ne remarquait rien et je m’en sortais indemne. Seulement deux issues étaient possibles, c’est donc du suspense.
(Et j’espère que vous appréciez l’anecdote au passage)
Pour en revenir à l’écriture

Ce système de risque et d’exposition au risque crée donc du suspense. Dans la littérature comme dans le cinéma, certains auteurs s’amusent à accentuer encore plus cet effet. Pour ça, il suffit d’arrêter intentionnellement la narration pendant la situation de suspense.
Terminez une scène ou un chapitre pendant le suspense va donner une envie furieuse au lecteur (ou au spectateur) de connaître la résolution !
Cette stratégie porte un nom : le cliffhanger ! Si vous regardez les séries vous y êtes souvent confronté, c’est très répandu et ça encourage à aller voir l’épisode suivant.
Un personnage se fait surprendre en plein flagrant délit … et hop ! La suite au prochain épisode !
Voilà, chers passionnés, nous avons vu ce qu’est le suspense. Nous verrons prochainement ce qu’est la tension dramatique, l’intrigue et la mise en danger du héros qui sont des choses assez proches, mais pas tout à fait pareilles.
Est-ce que vous envisagez de mettre un peu de suspense dans vos prochaines scènes ? Peut-être le faites-vous déjà naturellement ?
Laissez un commentaire ci-dessous, votre avis m’intéresse.
suspense ! vous avez dit suspense !! est-ce que je vais mettre du suspense dans mon prochain livre ? C’est bien possible car il y en a toujours un peu dans chaque ouvrage ! Mais vu le style » roman psychologique » ça n’est pas toujours évident ou en tout cas pas tel qu’on l’entend normalement ! Mais oui probablement !
Bises
Salut Eliane,
Merci pour ce commentaire, effectivement certaines histoires s’y prêtent plus que d’autres. Dans un roman psychologique je suppose qu’il y a une place toute trouvée pour un suspense réussi.
Je compte sur toi pour me raconter lorsque ce sera fait et que tu auras terminé ton futur roman. 😉
Bises,
Thibault.
Bonjour. Contente de cet article, car je suis en train de tenir mon lecteur en haleine sur un chapitre…. Je crois en effet qu’on arrive à le faire naturellement. C’est ce qu’on appelle les rebondissements.
Merci Thibault pour ton anecdote personnelle. Je crois bien que mon jeune frère faisait la même chose à part que lui dormait en bas, à côté de nos parents. Hihihi
A très vite pour le prochain article. Maïté
Salut Maïté !
C’est vrai que ça peut se faire naturellement, après si tu le fais naturellement et qu’en plus tu connais les techniques alors ça va être encore plus réussi. (C’est ton cas, je le sais car tu as suivi une excellente formation;) )
Un plaisir de raconter cette anecdote, je pense avoir passé l’âge de me faire gronder par ma mère … Je me demande si elle lit mes articles ? On verra bien. 🙂
Thibault.